Qu’attendons-nous de la vie ?
De notre conjoint ?
De nos enfants ?
Du travail ?
Des amis ?
Et dans notre quotidien :
Quelle attente se cache derrière notre colère ?
Notre tristesse ?
Notre frustration ?
Des questions en apparence simples.
Mais qui, lorsqu’on s’y arrête vraiment,
révèlent bien plus qu’on ne croit.
C’est parfois inconfortable.
Souvent révélateurs.
Parce que les poser,
c’est commencer à voir ce que l’on projette.
Sur les autres.
Sur la vie.
Sur soi.
Projeter, c’est attribuer à l’autre quelque chose qui, en réalité, nous appartient :
un besoin
un désir
une attente
Les porter est naturel.
Mais attendre que l’extérieur y réponde exactement comme on le souhaite…
c’est là que les tensions naissent.
Car ce qu’on attend, souvent,
ce n’est pas vraiment l’autre.
C’est un écho intérieur.
Un vide qui cherche à être reconnu.
Et ces attentes ont deux effets puissants :
Elles focalisent notre attention sur ce qui manque.
Elles créent une pression invisible, mais palpable, que l‘autre ressent.
Petit à petit, le lien change.
Pas dans le conflit.
Mais dans le silence.
Dans le flou.
Parfois, jusqu’à produire l’inverse de ce qu’on espérait.
En séance, une maman s’inquiétait :
ses enfants semblaient développer ses propres peurs.
Plus elle les rassurait, plus elle se sentait impuissante.
Et sa culpabilité montait.
Jusqu’à ce qu’une phrase émerge :
« J’aimerais qu’ils n’aient pas mes peurs. »
Ce n’était pas une demande.
C’était une attente muette.
Et pourtant, elle agissait.
Elle la rendait hypersensible au moindre signe d’angoisse,
et ses enfants, sans comprendre pourquoi,
portaient le poids de devoir la rassurer.
Le basculement est venu quand elle a pu reconnaître cette attente.
La voir. La nommer.
Et revenir à ce qui était à elle : sa propre peur.
Pas celle qu’elle voulait éviter à ses enfants,
mais celle qu’elle pouvait, elle, rencontrer.
Dans le couple aussi, l’attente s’infiltre.
L’un découvre le développement personnel,
et veut inviter l’autre à le rejoindre.
Mais derrière l’invitation,
une attente :
“Tu devrais t’y mettre toi aussi.”
Et l’autre, même sans mot, entend :
“Tu dois changer.”
Alors il résiste.
Et ce qui partait d’un élan sincère devient une distance.
Parce qu’il n’avait rien demandé.
Et qu’on confond parfois “proposer” avec “projeter”.
Ces écarts réveillent des pensées familières :
“Il/elle ne m’accepte pas comme je suis.” “Il/elle ne me respecte pas.” “Il ne m’aime pas telle que je suis.”
Mais vous…
L’avez-vous accepté·e tel·le qu’il ou elle est ?
Vous êtes-vous respecté·e dans ce lien ?
Avez-vous dit ce que vous attendiez — sans le faire peser ?
Et… est-ce que vous l’assumez ?
La vraie question n’est peut-être pas :
“L’autre doit-il répondre à mes attentes ?”
Mais :
“Est-ce que je suis au clair avec ce que j’attends…
et pourquoi j’en attends autant ?”