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Le rendez-vous de Téhéran

Un vieux conte m’est resté.
Je ne me souviens pas où je l’ai entendu la première fois.
Mais depuis, il me revient dans certaines situations.
Un maître se promène dans son jardin. Alors qu’il s’approche d’une fontaine, l’un de ses serviteurs vient vers lui en courant, bouleversé.
Il dit avoir croisé la Mort.
Qu’elle l’a regardé.
Il supplie son maître :
– « Prêtez-moi un cheval. Il faut que je parte. Je vais à Téhéran. »
Le maître accepte.
Le serviteur part au galop.
Le soir, le maître croise la Mort.
Il lui demande, surpris :

– « Pourquoi as-tu effrayé mon serviteur ? »
Et la Mort répond :
« Je ne l’ai pas effrayé.
J’étais juste surprise de le voir ici…
alors que j’ai rendez-vous avec lui ce soir, à Téhéran. »
C’est ce qui arrive quand nos choix sont dictés par notre peur.
On va exactement là où on redoutait d’aller.
Quand on la sent nous diriger,
on peut s’arrêter un instant,
revenir à soi,
et regarder ce qu’elle cherche à nous éviter.
Prendre conscience de ce qui se joue en nous,
plutôt que réagir dans la précipitation.
Le jour où on ne réagit plus par réflexe,
il ne s’agit plus de fuir,
mais de s’observer.
Parfois, l’action sera la même.
Mais l’intention aura changé.
Faire ses choix,
au lieu de fuir ce qu’on redoute.
À ce moment-là, peut-être,
il n’y aura plus de Téhéran.